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Larmes
À ma mère…
Et à Alice Miller, heureusement…mai 2008
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Non non il ne faut pas
Pleurer c’est pas gentil
Il y a plus mal loti
Tu dois prendre sur toiIl faut te contrôler
Allez arrête toi
Ce caprice c’est quoi ?
Tu n’es plus un bébé !Ah tu veux une glace ?
Un pain au chocolat ?
Et les petits chinois
Tu crois qu’il y ont droit ?Et pourquoi un goûter ?
Tu ne peux pas attendre
Que ton père soit rentré ?
Le dîner préparé ?Pense plutôt aux pauvres
Qui n’ont rien à manger
Toi tu n’es pas à plaindre
La guerre t’a épargnéSuffit les jérémiades
Je ne veux plus t’entendre
Allez va dans ta chambre
Les sanglots c’est pas beauJ’ai autre chose à faire
Regarde tes petits frères
Eux il faut les changer
Les soigner les coucherEt ta petite sœur
Qui se noie dans les pleurs
Elle il faut la calmer
Lui donner à téterArrête de pleurnicher
Tu vas me rendre folle
Finir par m’énerver
Je pourrais te frapperTu devrais être sage
Oui oui comme une image
Un enfant de papier
Muet lavé gavé -
Mais à peine accueilli
Bien rarement fêté
Jamais jamais touché
C’est bon pour les bébés…Si tu étais bien faite
Je pourrais me vanter
D’avoir une fille parfaite
Elancée aduléeTu ne penses qu’à bâfrer
A rire et à chanter
Alors qu’il faut trimer
Ici bas c’est sacréIl faut sortir du lot
Mépriser les idiots
Dépasser ses semblables
Vraiment trop haïssablesSi tu étais vivante
Je serais menacée
Dieu sait quelles bêtises
Tu irais inventerC’est sûr tu es méchante
Si on te fait confiance
Un gouffre d’égoïsme
Si tu te laisses allerUn monstre de laideur
Si tu manges à ton heure
Tu noueras des idylles
Si on te laisse aimerTu chanteras le monde
Si tu t’écoutes enfin
Tu seras bienheureuse
Si tu deviens danseuse.