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Père manquant, fille perdue
A mon géniteur…
mai 2008
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T’as vraiment rien compris,
Rien compris à la vie…
Pas eu le mode d’emploi,
On se demande pourquoi…Tu as eu des enfants
On se demande comment…
Pas par amour, c’est sûr.
Par devoir. Par nature ?Comme ton père avant toi
Comme tant de pères encore
Tu as subi ta mère
Lutté contre ton pèreTon père t’a humilié
Combattu jalousé
Ta mère t’a préféré
L’as-tu vraiment quittée ?As-tu aimé ta femme
Ou l’as-tu estimée ?
- Elle savait soigner
Recevoir, éduquer -.Plutôt utilisée…
- Elle a dû élever
Seule ses quatre enfants,
Instit plus que maman.Tu ne m’as guère aimée
En tous cas rien montré
Pas aimée pour moi même
Ca n’en vaut pas la peineTout juste souhaitée
Peut être un peu rêvée
A peine en tant que père
Jamais en tant que mâleMais est-ce bien la peine
Si naître sur la terre
Signifie tant de chaînes,
De labeur, de sueur ?Tu m’as peu regardée
Souvent perdue de vue
Pas du tout reconnue
Hormis civilement -
Tu n’as pas eu de joie
La joie qui vibre en soi
La joie de voir grandir
Un tout petit de soiUne pure merveille
Un cadeau de la vie
Un miracle toujours
Une joie de tous les joursDe la satisfaction
peut être à l’occasion
Mais discrète incrédule
Cachée disqualifiéeDe la peur finalement
Un enfant c’est vivant
Un enfant ça surprend
Pas du tout rassurantPas d’intérêt vraiment
Un enfant c’est barbant
Une fille un garçon
C’est la même chansonUne fille c’est même pire
D’abord née pour servir
Le café le souper
Préparer le dînerSauf si elle réussit
En physique en chimie
Mais en maths avant tout
Le reste tu t’en fousSi et seulement si
Ta fille est un génie
Tu pourras parader
Inviter des amisSurtout qu’elle soit pas belle
Gare à la bagatelle
Qu’elle se débrouille toute seule
Où règnent les aveuglesQu’elle se fasse obéir
Seule façon de jouir
Qu’elle se fasse applaudir
Plutôt que de sourire -
Qu’elle maîtrise un sujet
Un seul un grand projet
Qu’elle puisse en faire état
Partout, ici et làTout en faisant semblant
Mais si d’être modeste
Le jeu un rien pervers
De messieurs les expertsQu’elle vive dans la peur
De trouver plus doué
Plus charmant plus charmeur
Qu’elle fuie les connaisseursQuels que soient les plaisirs
De son proche entourage
De sa science de son art
Il faut faire étalagePérorer raconter
Toutes ses aventures
Sans jamais écouter
Surtout pas les blessuresQuels que soient mes désirs
Il faut les ignorer
Dussé-je en périr
On est là pour en chierJ’ai cru que pas un homme
Ne pourrait m’enlacer
J’ai du les conquérir
A tout prix les séduireJe fais des pieds des mains
Avec des hommes en vain
Je veux qu’on me dévore
Qu’on m’adule, qu’on m’adorePour pouvoir enchaîner
Etre en sécurité
J’ai causé des ravages
Allumé des oragesDécouragé les tendres
Je n’ai pas su comprendre
Je me suis dégoûtée
De mes arrière-pensées -
Je me suis enlaidie
Pour ne plus attirer
Mais je meurs de désir
Sans pouvoir le comblerGrâce à toi grâce à moi
J’ai failli trépasser
Droguée du ciboulot
Overdose de boulotJ’ai été abusée
Par un homme admiré
Me suis fait rire au nez
Par des amis choisisJ’ai préféré guérir
Un homme – ou un enfant ? -
Un joueur un frimeur
Un chômeur un menteurJ’ai failli rester mère
D’un rebelle éternel
J’aurais pu éviter
D’apaiser les bébésHeureusement j’ai voulu
Offrir à un autre être
Beaucoup plus de bien être
Que je n’en avais euJ’en ai eu le courage
La chance l’avantage
Il a été conçu
Aussitôt attenduIl est né bien aimé
Cajolé détendu
Il a été fêté
Quatre années allaitéJ’aurais pu tout rater
Je n’aime pas jouer
Seulement câliner
Pas beaucoup lui parlerMais j’ai su lui donner
Mon cœur mon sein mon âme
Et j’ai su m’entourer
Déléguer le confier -
Je suis fière de lui
Je suis fière de moi
Mais c’est lui qui saura
Choisir sa vie sans moiJe me sens toujours mère
Je ne sais pas aimer
Sans vouloir consoler
Ceux prêts à me goûterJe ne me veux pas femme
Peur d’être condamnée
A servir s’avilir
Enfanter s’oublierJe ne veux pas aimer
Me priver m’enfermer
Renoncer aux humains
Aux tous divins câlinsNe veux pas être aimée
Ne pas être enchaînée
Obligée de souffrir
Quand l’autre va mourirJe resterai donc seule
Ne l’est-on pas toujours ?
Ce qu’on aime dans l’autre
N’est-ce pas d’abord soi ?Puis-je enfin espérer
Un amour véritable
Un amour protecteur
Un amour qui rend libre ?J’ai vraiment rien compris
A la vie à l’amour
Pourtant j’essaie encore
Réussirai-je un jour ? -
EPILOGUE
Mais je t'ai pardonné
Moi j'ai choisi la vie
De voler de danser
Ici au paradisJe me sens si légère
A peine un souffle d'air
Je me sais dans un nid
Si belle si blottieJe me sens si tonique
Au gré de la musique
Je me suis déchaînée
Rage et espoir mêlésTout mon être a crié
Je me suis libérée
Je me suis retrouvée
Je me suis recueillieJe me sens amoureuse
Palpitante et heureuse
J’entends mon cœur qui bat
Pour vous tous ici bas