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Plage de l'océan
À Sergueï, Ruger et Patrick
avril 2008
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Dune sans fin
Ocre et soleil
Ondule au loinGravir enfin
Rêve d’une année
Le sable finGrains qui s’écoulent
Jarret tendu
Epaules nuesLe pied chancelle
Et se rebelle
Effort connu.Redresse toi
Fixe le ciel
Le coton calmeL’air irradie
C’est l’heure chaude
Bientôt l’émeraudeL’incandescence
Le paradis
Pour toi aussiGenêts, ajoncs,
Chardons fidèles
Prennent racineRien n’a changé
Ils nous rassurent
Pour le futur.Oui oui, chouchou
C’est encore loin
Donne moi la main -
Un pas puis l’autre
Courage, là haut
Ce sera beau.Plissant les yeux
La vigie guette
Maman ! Mer… Mer !En effet, point
Entre deux pentes
Le vert paraît.L’argent scintille
L’horizon s’ouvre
A l’infiniIci devant
c’est l’Amérique
A gauche l’EspagneLà la Bretagne,
L’immensité
A contempler.Soudain notre âme
Nous a rejoint
Tremble s’incarneGoéland plane
Le vent affole
Les cerf-volantsBleu aérien
Le gris s’enfuit
La tête s’aèreNos fronts s’épurent
En regardant
Le firmament. -
C’est quel drapeau ?
Orange bien sûr
Qu’est-ce que tu crois !On fait la course ?
Ne tombe pas…
Bisoux en bas !Où se met-on ?
Là c’est très bien
Pas trop humideEt pas trop loin
Mais assez près
Des sauveteursPlus que bronzés
Humains repères
Aimants musclés.On y va tous ?
Prems en maillot !
Triple galopTâtons d’un pied
Transi glacé
A marée basseC’est bien d’attendre
Assis au bord,
Mollets dans l’eau.En remontant
Elle sera bonne
Nous serons prêts.Allez mouille toi
Les bras le foie
Le cou la nuque -
Puis lance toi
Il faut viser
Une accalmieCourir sauter
Plonger jaillir
Se dégagerPuis vérifier
Que la prochaine
Nous soulèveraDéferlera
Sans nous casser
Rouler jeterReprendre pied
Entre deux flots
Souffler un peu…Une tentation
Couler à pic
Et disparaîtreLa délivrance
Une vengeance
L’oubli surtoutMais c’est fini
J’ai retrouvé
Ma libertéJ’en jouirai
Jusqu’à la mort
Toute ma vieLa maladie
Ne m’atteint plus
La peur vaincue -
Chaleur étale
Rouleaux puissants
Bercent le tempsJe suis si belle
Fluide et douce
Souple et légèreToute en longueur
Et en langueur
Le flux me porteJe suis si forte
Face au courant
ImpressionnantNager toujours
Délier le corps
Et déciderDe rebondir
De pivoter
Danser, jouer…Divin désir
Qui nous bouscule
Nous éclabousseEt qui nous pousse
Et nous enlace
Sourire charmeurQui s’illumine
Séduit conquis
Joie sans mélangeBaiser mouillé
Bien accroché
Il faut lâcher -
Avant l’ennui
Fuir le danger
Choisir la vagueQui nous ramène
Et nous dépose
Vite en sortir…Demain encore
Ou dans une heure
On reviendraGoûter le sel
L’apesanteur
L’élan majeurUne renaissance
Loin de la terre,
De la tristesseDu crépuscule,
Des cruautés
Des dictateurs.Ici le ciel
Est toujours clair,
La lune complice.Même dans le noir
L’écume éclaire
Dix mille étoilesOn peut s’aimer
Toute la nuit
Humer toucherUne peau lisse
La retenir
Jusqu’à l’aurore…